L'historiographie israélienne, recherche historique et mémoire nationale

Fiche du document

Date

2014

Discipline
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes

Licences

http://creativecommons.org/licenses/by/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess



Citer ce document

Rina Cohen Muller, « L'historiographie israélienne, recherche historique et mémoire nationale », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.vtv3ma


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

En 1987, Benny Morris publie The Birth of the Palestinian refugee problem, une analyse des origines de l'exode palestinien lors de la guerre de 1948 (la guerre d'Indépendance pour les Israéliens), ébranlant l'une des certitudes israéliennes relative à la fondation de l'État, celle de la fuite de la population arabe de Palestine. L'auteur ouvre ainsi le débat sur ce qu'il désigne sous les termes de nouvelle historiographie israélienne. Cet ouvrage, avec d'autres, lance la réflexion sur l'écriture de l'histoire qui, pendant les premières quarante années d'existence de l'État, n'a été l'objet d'aucune étude critique, une époque où le récit historique national consistait en un corpus globalement homogène, celui de la construction de l'État hébreu, État-refuge pour les Juifs du monde entier. Le débat qui s'ensuit dépasse largement l'université et met en effervescence l'espace public tout en plaçant la vie sociopolitique dans la perspective d'une problématique à plusieurs variables, en rupture avec la narration traditionnelle. La société israélienne est, de la sorte, pressée à repenser son passé, à la lumière des réalités des années 1980, celles de la fin de l'hégémonie travailliste et de la première guerre du Liban. Jusque-là, l'histoire israélienne s'inscrivait dans la démarche traditionnelle de l'historiographie juive moderne telle qu'elle s'est constituée à partir de la Wissenschaft des Judentums (les sciences du judaïsme) dans la deuxième moitié du XIX e siècle. Il s'agissait alors pour la première fois d'inscrire les Juifs dans la temporalité, à l'aide d'outils scientifiques (confection de lexiques, de bibliographies, travail sur des sources premières, etc.) en se détachant d'une mémoire collective portée par la religion et ses pratiques. L'objectif était de se défaire du poids de la diaspora comme appréhension de la permanence juive pour s'insérer dans le processus évolutif européen contemporain, marqué par la rationalité, et dont l'invention de la notion d'État-nation est l'un des corollaires. Auparavant, le binôme exildiaspora rend l'historiographie inutile et seule la mémoire du passé précédant l'exil avait la fonction déterminante dans la constitution d'une conscience communautaire. La notion de diasporaconséquence la destruction du 2 e templeest en effet l'élément constitutif de l'appartenance des Juifs à une communauté. La bible devenait le récit intemporel, la base même de la mémoire collective. Le sens historique de la diaspora est qu'à partir de son avènement, les juifs n'avaient plus d'histoire commune. Ils avaient un sens commun de l'histoire mais pas une histoire commune. La naissance de l'historiographie juive, en symbiose avec les Lumières juives (Haskala), est suscitée par une perception nouvelle du temps présent, celui de l'émancipation accordée par les pouvoirs politiques ouvrant l'intégration des juifs dans l'histoire. (YERUSHALMI 1991, FRANKEL 2002/3, RAZ-KARKOTZKIN 2007

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en