2012
Cairn
Une interprétation purement idéologique de l’Histoire peut conduire les historiens à des conclusions erronées sur la nature des régimes et des faits historiques qu’ils étudient. L’épisode napoléonien nous en offre un cas d’école. Longtemps, les historiens n’ont pas pu ou pas voulu éviter les simplifications. Les « anti- » et les « pro- » Napoléon se sont affrontés sur le terrain stérile de la mono-causalité idéologique des guerres qui ont opposé les différentes puissances européennes. Une branche de l’historiographie contemporaine soutient ainsi l’idée suivant laquelle les guerres napoléoniennes pouvaient se réduire à l’idée qu’une Angleterre généreuse et libérale se serait levée contre le jacobinisme sanguinaire d’abord, Napoléon ensuite pour éviter au continent de tomber sous le joug d’une « tyrannie » qui entendait l’asservir. La victoire finale de l’Angleterre aurait été celle du « bien » contre le « mal », vision manichéiste qui nie jusqu’à la complexité du monde et de son histoire. Sur cette vision idéologique simplifiée et anachronique, une thèse encore plus absurde s’est développée, qui peut être résumée en une phrase : comme Hitler, Napoléon fut heureusement vaincu par les vrais défenseurs de la liberté générale. Cet article analyse l’impossible comparaison entre Napoléon et Hitler.