2018
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VertigO : La revue électronique en sciences de l’environnement ; vol. 18 no. 2 (2018)
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Véronique Philippot et al., « Le compostage collectif urbain à l’épreuve de ses interdits : Enquête sur des sites strasbourgeois », [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10670/1.vwu7mt
Le compostage collectif urbain est une pratique qui se développe dans les grandes villes françaises. À Strasbourg, ces actions citoyennes encouragées par les politiques locales et encadrées par la collectivité sont initiées par des collectifs de quartiers ou privés. Les habitants référents décident et font appliquer leurs règles propres. L’émergence des listes d’apports interdits traduit une volonté de contrôle des processus pour éviter tout désagrément sur des espaces partagés. Les indésirables sont simplement mentionnés par les accompagnateurs qui agissent pour la collectivité territoriale, comme bio déchets à surveiller, mais nos enquêtes ethnographiques auprès de la population impliquée montrent que l’idée de risque lié à ces apports est amplifiée par les référents des sites. Les règles sont globalement bien acceptées par les praticiens conciliants et confiants, dans un souci de cohésion sociale. Les interdits représentent plusieurs catégories d’apports biodégradables, les plus généralisés concernant les produits carnés, les coquilles d’oeufs non broyées et les restes d’agrumes, mais aussi les déchets d’oignon et d’ail et ceux considérés comme pourris ou moisis. Les arguments verbalisés puisent dans divers registres allant du pragmatisme (gestion espace-temps) à l’idéologie subjective en passant par des faits présentés comme scientifiques ou intuitifs. Cependant, la surenchère d’interdits limite la biomasse pouvant échapper à l’incinération. L’encouragement aux expérimentations in situ et le recours facilité aux savoirs scientifiques sur les processus biologiques et organismes associés pourraient rassurer les référents et donc assouplir les interdits afin de mieux répondre à la nécessité première du compostage de réduire les déchets à la source.