1997
Cairn
Gérard Cornet, « Habillement et défis de l’âge : paraître ou disparaître ? », Gérontologie et société, ID : 10670/1.vwvajr
Le vêtement, langage non verbal de la séduction, témoigne de l’intégration ou de l’isolement psychologique et social de la personne âgée. Il reflète son appartenance à un milieu socioculturel et à une génération. La restriction des dépenses vestimentaires constatée avec l’âge, sensible à partir de la retraite, s’accentue surtout après 70 ans. Elle est la résultante complexe des ruptures sociales intervenant au cours du cycle de vie, d’une image et de situations négatives héritées du passé, des ressources et du niveau d’activité de l’individu. Elle est aussi fonction d’une insuffisance qualitative de l’offre, notamment vers la femme, principale consommatrice de séduction vestimentaire : la maturité venue, elle ne peut plus se mouler dans le modèle de la jeunesse qui lui est proposé. A contrario, la consommation globale d’habillement des seniors va connaître une croissance beaucoup plus forte que l’ensemble du marché, d’abord sous l’effet mécanique du remplacement des classes creuses par les générations nombreuses du baby-boom, ensuite sous celui, plus secondaire, de la longévité, accompagnés par un redéploiement de l’activité sociale, avec un pouvoir d’achat restant, malgré des ajustements prévisibles, à un niveau favorable.Ce fort développement, attendu d’ici quatre à cinq ans, avec l’arrivée des mamies-boomers à la retraite, comporte néanmoins une large part d’incertitude. Dans une société de consommation réarbitrant ses choix en faveur de valeurs du mieux-être, l’offre vestimentaire devra nécessairement proposer aux femmes un autre modèle de séduction, fondé sur l’épanouissement personnalisé de leur maturité, pour les accompagner dans leur évolution. Il serait aussi bienvenu qu’elle tienne compte de leur entrée plus tardive dans la vieillesse, répondant à un besoin vital de séduction, antidote d’une régression psychologique et d’une mort sociale.