An environmental racism à la mode de Caen? The case of the Presqu'île Un racisme environnemental à la mode de Caen ? Le cas de la Presqu’île de l’agglomération En Fr

Résumé En Fr

The concept of environmental racism is still seldom discussed in mainland France. While it is often associated with the French overseas territories, the issue is only emerging in the metropolitan context. By tracing the US genealogy of the concept, as well as its international reception, this research examines its potential relevance and limits to shed light on a specific local situation, namely that of the Presqu'île of the agglomeration of Caen. A long-polluted industrial wasteland, the Presqu'île is home to a large number of residents and users, many of whom from disadvantaged and racialized backgrounds. As part of the politics of ecological transition and in the context of “re-urbanization”, it is now also the site of ambitious “reconquest” operations, which raise the question of the fate of these populations: what social transition and environmental justice to accompany the politics of ecological transition in the context of rising climate crisis? To understand the intersecting issues of race and the environment, this research draws on a qualitative methodology, based on interviews and observations that explore the social geography of the Presqu'île and how it has been affected by current “depollution” projects. Building on Mary Douglas’s seminal work on (im)purity and danger, I show in particular how a racialized spatial arrangement operates to implicitly harmonize places of physical pollution with the locations of social groups perceived as “ambiguous” in relation to the “reference system”, including the racialized populations of travelers, sex workers, and migrants who populate the Presqu'île.

La notion de racisme environnemental est encore peu abordée en France. Alors qu’elle est souvent associée aux territoires français d'outre-mer, le questionnement est émergent en métropole. Après avoir retracé la généalogie étasunienne du concept, ainsi que ses réceptions internationales, cette recherche interroge sa pertinence et limites pour éclairer une situation locale, à savoir celle de la Presqu'île de l'agglomération caennaise. Friche industrielle, longtemps polluée, la Presqu'île « accueille » un grand nombre de résidents et usagers, issus en grande partie de populations précaires et racisées. En contexte de transition écologique et de « réurbanisation », elle est aussi aujourd’hui le lieu d’opérations ambitieuses de « reconquête » qui posent la question du devenir de ces populations : quelle transition sociale et quelle justice environnementale pour accompagner la transition écologique dans un contexte de crise climatique ? Afin d’appréhender les enjeux croisés de la question environnementale et du racisme, cette recherche s’intéresse par le biais d’une méthodologie qualitative d’entretiens et d’observations à la géographie sociale de la Presqu’île et à la manière dont celle-ci se trouve affectée par les projets de « dépollution ». En nous basant sur les travaux fondateurs de Mary Douglas sur la souillure, nous montrons notamment comment un arrangement spatial opère pour harmoniser espace de pollution physique et groupes sociaux perçus comme « ambigus » à l’endroit du « système de référence », dont les populations racialisées des voyageurs, des travailleuses du sexe et des migrants qui peuplent la Presqu’île.