17 décembre 2020
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Maria Stavrinaki, « L’art après l’histoire », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.w003ln
Ce texte examine une configuration temporelle singulière de deux décennies suivant la fin de la Seconde Guerre mondiale : l’idée selon laquelle l’Occident, et le globe entier avec elle, vit désormais après l’histoire. Ne se limitant pas à une réactivation de plus du schéma apocalyptique, cette conception met profondément en doute l’homme en tant qu’être historique et prend deux formes principales : celle d’une morne posthistoire dépourvue de tout pouvoir de créer l’événement et la différence et celle d’une libération euphorique et vitaliste de l’histoire. Ces deux conceptions impliquent la réduction de l’expérience du temps au « présent », morne pour la première, plein, voire messianique pour la seconde ; de façon symétrique, elles engagent deux formes différentes de la « préhistoire » : une préhistoire minérale, relevant de façon ultime de l’histoire naturelle pour la première ; une préhistoire symbolique, accentuant la spécificité irrépressible de l’espèce humaine pour la seconde. Ce texte se concentre sur le projet, à plusieurs volets, du Musée imaginaire d’André Malraux, qui « détruit » l’histoire de l’art par la production d’éternel présent en métamorphose continue. Mais si le projet de Malraux lui-même a constitué l’objet de réflexions de premier ordre, il s’agit d’entamer ici un travail sur la façon dont les artistes contemporains de Malraux ont lu et utilisé son Opus. Une multitude d’usages se dessine dans cette enquête, rendue possible par le formalisme universaliste inhérent au Musée imaginaire : la fin hégélienne de l’art et l’entrée dans la posthistoire selon Ad Reinhardt aux Etats-Unis, le présent analogique et utopique de l’Independent Group en Angleterre et la conception racialiste de l’art chez Asger Jorn, artiste danois ayant œuvré à travers l’Europe. Tous ces artistes étaient « libérés » de l’histoire, tout en inscrivant leur art dans de projets sociaux et politiques opposés.