“Why this is hell”: Marlowe and the devil’s pact

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3 septembre 2018

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Ce n’est certainement pas un hasard si Marlowe qui, dans toutes ses pièces, condamne ses personnages à s’enfermer derrière des barreaux qu’ils se sont eux-mêmes forgés, lui qui était si obsédé par l’acte de l’écriture, a porté au théâtre l’histoire de Faust qui reprend ces deux grands thèmes. En effet, la légende du XVIe siècle constitue la première version de la vieille histoire du pacte avec le diable où le contrat démoniaque est effectivement appliqué et où le signataire se trouve contraint par les termes stricts du texte. Dans toutes les versions antérieures, comme dans le conte médiéval de Théophile par exemple, la Vierge Marie intercède pour rompre le contract et libérer le signataire de ses obligations. C’est là la tradition que Shakespeare choisit de mettre en scène dans Le Marchand de Venise. Mais Marlowe, lui, semble se rattacher à la culture du contrat qui fait alors son apparition à l’aube du capitalisme dans sa façon tragique de mettre l’accent sur l’inviolabilité des contrats. Comme dans le cas des pactes sataniques cités à titre de preuve dans l’affaire des Diables de Loudun, le caractère implacable du Méphistophélès et du Lucifer marloviens atteste en effet d’une conscience nouvelle du démonisme de l’écriture. Les Guerres de Religions avaient ainsi donné naissance à une vague de serments de ce type, de sorte que le contrat que signe Faust ne semble guère différent du Contrat d’Association élaboré par le patron de Marlowe, Walsingham (n.b. : ministre de l’Intérieur d’Elisabeth et chef de sa police secrète), qui demandait aux Anglais de défendre la Reine sous peine d’être voués aux feux de l’enfer. On ignore si le dramaturge l’avait ou non signé, ou s’il en avait violé les termes. Mais on peut imaginer que c’est bien à cause de lui que Marlowe entendit sonner ses derniers coups de minuit, lorsque ceux qui l’avaient incité à signer vinrent lui réclamer leur dû.

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