Expérimenter un nouveau régime de genre et devenir un “homme à poigne”

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15 novembre 2022

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Laure Sizaire, « Expérimenter un nouveau régime de genre et devenir un “homme à poigne” », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.w3ii4z


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Résumé Fr

Cette proposition de communication repose sur une enquête doctorale qui a cherché àcomprendre l’existence d’une attraction matrimoniale internationale genrée touchant les conjugalitésfranco-postsoviétiques. Parmi les couples vivant en France, on observe que dans 95 % de cas, cesconjugalités impliquent en effet un homme français et une femme russe. De façon similaire, dans lespays postsoviétiques, en Russie, en Ukraine, au Belarus mais aussi en Roumanie et en Hongrie, raressont les femmes françaises engagées dans une union avec un homme sur place tandis que la situationinverse apparait courante. Mon propos ici voudrait s’attarder précisément sur le cas d’hommes françaisayant migré dans ces pays et vivant en couple avec une femme russe ou bélarusse dans la mesure oùleurs parcours incarnent empiriquement des mobilités de genre.Migrer dans un autre pays implique de changer de système normatif et d’appréhender un nouvelordre social et, par conséquent, un nouvel ordre de genre. Chaque société possède en effet un systèmesexe/genre spécifique au sein duquel être un homme ou une femme implique d’avoir des comportementsdescriptibles pour être perçu·es comme tel·les. En migrant, les comportements attendus selon que l’onappartienne à l’une ou l’autre catégorie de sexe ne sont plus tout à fait les mêmes que ceux préconisésdans le pays de départ. En l’occurrence, les pays postsoviétiques possèdent une histoire commune qui acontribué à façonner certains régimes de genre et d’intimité qui diffèrent de ceux qui ont cours en France.De ce fait, les configurations de la pratique de genre, autrement dit la masculinité et la féminité, ne sontpas les mêmes dans ces deux pays. Que se passe-t-il alors lorsque les comportements de genre nerépondent pas aux normes de la société d’arrivée ? Comment ces accidents de l’interaction sont-ilsrésolus, pris en charge par les individu·es ? Quelles conséquences ces manquements et leurs réprimandesentrainent-ils sur les parcours de ces hommes, sur leur vie conjugale et, in fine, sur leur projet de genre ?En se déplaçant d’un pays à un autre, les hommes français étudiés développent des compétencesanalytiques et réflexives sur le genre. En comparant systématiquement les deux sociétés à partir de leursexpériences singulières, ils deviennent capables de mettre en mot les normes et les règles pratiques desrégimes de genre, du pays d’où ils viennent et de celui dans lequel ils se sont installés. De là, ils peuventdevenir des sortes d’experts du genre qu’ils décrivent avec minutie mais s’ils se livrent à de telsprocédés, ils le font pour des raisons pratiques. Deux cas seront mobilisés pour illustrer le passage d’unrégime de genre à un autre, celui de Nicolas et d’Étienne, deux hommes qui ont fait le choix (et tous nele font pas) de réformer leur masculinité pour la rendre conforme au régime de genre du paysd’installation. Le travail accompli par ces enquêtés pour « passer » témoigne avec force desdéplacements qui peuvent intervenir dans l’espace du genre à l’échelle d’une vie tout en révélant le rôlede la migration transnationale dans ces transformations.

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