6 février 2020
Ani Danielyan, « L’art rupestre protohistorique de l’Arménie : étude du site d’Ughtasar (région de Syunik) », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.w3jdqg
L’Arménie se situe au cœur d’un isthme étroit reliant le Caucase au Proche-Orient.Marquée par un relief montagneux et volcanique, elle abrite un riche patrimoine d’artrupestre, les pétroglyphes, qui s’étendent essentiellement au-delà des sites d’habitat, dans deszones de haute altitude. Ces créations picturales inscrites dans le paysage sont des tracesirréfutables du passage des populations anciennes par ces régions montagneuses. Ellesreprésentent donc une source de connaissance inestimable sur les différents aspects de leur vieet sur leur vision du monde. Or, malgré sa valeur historique, l’art rupestre participe peu auxréflexions autour de l’histoire des cultures archéologiques de cette région. Face à l’état actuelde l’inventaire et aux disparités des données disponibles, nous avons focalisé notre étude surun site unique, l’Ughtasar, qui a bénéficié d’une documentation systématique supportée pardes méthodes modernes. Il se situe sur le haut plateau volcanique du Syunik (au sud-est del’Arménie) qui, de par la quantité (plusieurs milliers) et la variété (représentationsanthropomorphes, zoomorphes, signes, véhicules, etc.) des pétroglyphes qu’il abrite, sembleavoir été un centre privilégié de la pratique de cette forme d’art. Nous avons tentéd’appréhender l’art rupestre de l’Ughtasar dans ses contextes géographique, archéologique etartistique - démarche impliquant des observations à différentes échelles (locale, régionale etinterrégionale) et un croisement des données de plusieurs disciplines. Cette étude apporteainsi de nouveaux éléments de connaissance et de réflexion sur la protohistoire de cetterégion. Caractérisé par une riche concentration de gravures rupestres, inscrites dans unpaysage spectaculaire de haute montagne, et par de vastes replats herbeux propices à l’accueilde groupes humains et de grands troupeaux, l’Ughtasar apparaît comme un lieu particulier derassemblement où les hommes pratiquaient des activités économiques (pastoralisme, chasse)et rituelles (pétroglyphes). L’analyse comparative thématique et stylistique des gravuresrupestres étudiées, menée au regard du contexte archéologique local et régional, confirmequ’elles couvrent une période s’étendant essentiellement du Chalcolithique à l’âge du Fer.Cette étude d’art rupestre révèle l’existence d’une véritable tradition picturale qui s’enracinelocalement dans les hautes terres du Petit Caucase, tout en s’inscrivant dans le vaste mondeartistique des cultures de l’Eurasie. Plus largement, cette recherche met en lumière la placehistorique du Syunik au confluent des mondes caucasien et irano-mésopotamien.