2018
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Laurent Touchart et al., « Les paysages de Michel Strogoff sont-ils vraiment russes ? », HAL-SHS : géographie, ID : 10.4000/cybergeo.29666
Jules Verne a écrit Michel Strogoff en 1876 pour un public français. Or, puisque l’action se déroule entièrement en Russie et que le cadre géographique est surtout sibérien, il est intéressant de se demander quel accueil a été réservé à cette œuvre par les Russes eux-mêmes et par quels moyens ils ont pu ou non s’approprier les paysages décrits. Au sein d’une vaste documentation, la principale source de Verne fut le récit de voyage de Madame de Bourboulon, soit la vision d’une Franco-britannique traversant la Sibérie en 1861. Il fallut un quart de siècle pour que le roman pût passer la censure de l’Empire tsariste. Quand parut la première traduction en russe, effectuée par Kisseliov en 1900, les descriptions paysagères furent largement tronquées, pour ne garder que celles intégrées à l’action. Par un changement d’échelle géographique, le cas de la traversée des grands fleuves sibériens est étudié précisément, à travers un travail de terrain et l’analyse de plusieurs traductions. D’une manière générale, les lectures documentaires de Verne lui ont permis de brosser des descriptions paysagères crédibles auprès des Russes. Dans le détail, cependant, quelques réserves peuvent être émises. Il y a localement des accommodements avec certains paysages naturels (encaissement et rapides de l’Iénisseï) et urbains. Quant à la perception des paysages verniens, elle change en fonction de l’œil du lecteur, sibérien, russe européen ou français, et a varié selon les époques.