2020
Cairn
Sergot Jacob, « Massification et financement public de l’enseignement supérieur en Haïti : problèmes et défis », Revue Internationale des Sciences Administratives, ID : 10670/1.w5ihpe
L’enseignement supérieur haïtien est en pleine mutation, mais est peu étudié. Cet article examine les conditions dans lesquelles la massification s’y est opérée récemment, d’une part ; et l’ampleur de l’inadéquation du financement public depuis les années 1980, d’autre part. Il met en évidence que malgré la massification, plus rapide, de l’offre pour desservir une demande sociale également en forte hausse, le maigre financement public (en moyenne : 0.33 % du produit intérieur brut (PIB) ; 1.17 % du budget de l’État) consacré au financement des universités publiques, au cours des 30 dernières années, freine leur développement. Dans les faits, malgré l’augmentation, somme toute modeste, du budget des universités publiques par rapport au budget de l’État, la massification s’est traduite in fine dans une réduction de la dépense par étudiant, ce qui n’aide pas à créer les conditions d’un enseignement de qualité acceptable et prive le secteur de sa capacité à jouer un rôle effectif dans le processus de développement socio-économique du pays en se mettant d’abord en capacité de réfléchir sur les problèmes de la société et de son évolution. Remarques à l’intention des praticiensLe système de quasi-gratuité des études, financé par le contribuable, a atteint ses limites, tandis que des mécanismes institutionnels de régulation de la massification sont essentiels pour protéger le consommateur et contrer la baisse de la qualité des formations. Pour mieux positionner le pays sur l’échiquier mondial et profiter des externalités positives de l’éducation supérieure, davantage de ressources publiques doivent y être investies. L’enjeu est alors triple ; car il faut trouver les modalités, nécessairement différenciées, de financement des universités et des études elles-mêmes ; et aussi de diversification de ces financements face aux ressources limitées de l’État.