28 octobre 2023
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Eric Perera, « L’élasticité de la peau des body‑builders », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.w5u00o
L’expérience du body‑building sous forme d’observation participante montre que l’épaisseur de la peau est au centre des préoccupations dans cet univers. En l’observant et la palpant, la peau est non seulement un repère pour évaluer le taux de masse graisseuse corporelle des pratiquants, mais aussi un moyen de savoir si la diététique prescrite est bien suivie. La transformation du corps et le gain de muscle passent par une alternance de périodes de « sèche », mais aussi de prise de poids. Durant la diététique de prise de poids, le surplus de graisse accumulé « voile» la peau et déstabilise le pratiquant au point de troubler son identité. Il s’agit d’un état passager avant la « sèche », qui dévoilera les muscles sous la peau, critère esthétique essentiel en compétition. Cet article montre comment une recherche de prise de poids est considérée comme une étape transitoire tout en faisant partie de la fabrique du muscle. Le cycle répété d’une prise de poids suivie par une période de « sèche» peut altérer l’élasticité de la peau et/ou la capacité à sécher de l’athlète dans le temps et favoriser le cumul de gras. Cette quête du muscle laisse des traces sur la peau qui révèlent finalement un processus de subjectivité oscillant entre le refus d’être « gras » et le plaisir éphémère d’être body‑buildé.