27 octobre 2023
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Massimo Fusillo, « Dal testo all’opera : le chiusure impossibili di Gérard Genette », Presses universitaires de Caen, ID : 10670/1.w6q3uu
À l’occasion d’une conférence tenue à New York en 1997 et intitulée « Du texte à l’œuvre », Gérard Genette a revendiqué la cohérence de son parcours intellectuel contre ceux qui l’accusaient de s’être un peu trop soudainement converti, après la période structuraliste, à la philosophie analytique. Dans cette communication, on n’essaie pas d’esquisser un tableau d’ensemble de l’œuvre de ce théoricien, pour confirmer ou invalider son propos, mais plutôt de montrer la présence, dans celle-ci, de deux tendances opposées, l’une dominante et l’autre latente (mais de plus en plus forte), dont le rapport réciproque pourrait évoquer le modèle freudien de la « formation de compromis » (tel qu’il a été employé, en Italie, par Francesco Orlando dans sa théorie littéraire). D’un côté l’on trouve chez Genette une attitude systématique, néo-rhétorique et modérément scientiste : ses écrits incarnent la même aspiration irrésistible à un classement taxinomique général des faits littéraires ; de l’autre, on peut saisir chez lui la conscience de la précarité de la notion de « littérature » – et encore plus de « critique littéraire » – qui affleure dans tous ses écrits. Cette deuxième composante s’exprime à travers des éclairs d’auto-ironie, et se fait de plus en plus présente au fil des années, notamment à partir du moment où se manifeste la crise de la sémiologie littéraire. Une rencontre intellectuelle décisive, avec l’esthétique de Nelson Goodman, semblerait en quelque sorte liée à cette progressive prise de conscience, et à la libération de la composante « réprimée » à laquelle on a fait allusion.