2011
Cairn
Rolande Bonnain-Dulon, « Contrats de mariage et migration des filles au xixe siècle dans les Pyrénées », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.w8u92a
Dans les Pyrénées centrales, sous l’Ancien Régime, le contrat de mariage (stipulant dans neuf cas sur dix le régime dotal) était l’acte essentiel de cette société inégalitaire, puisqu’il désignait l’héritier unique chargé du devenir de la « maison » et par conséquent aussi les exclus de la succession. Avec l’avènement du Code civil en 1804 et la promulgation de l’égalité dans la fratrie, son importance demeure entière, même si nombre d’unions ne feront plus appel au notaire ; le contrat de mariage restera un marqueur socioprofessionnel utilisé par les ménages d’agriculteurs. Toutefois, dans un contexte d’émigration forte et de changement d’attitude envers les cadettes, il assume désormais d’autres fonctions, en particulier celle d’assurer un sort meilleur aux exclues de la succession tout en favorisant néanmoins celles qui contribuent au statut de la maison en se mariant sur place ou dans les environs. Le montant des dots, variable au sein d’une même fratrie, montre que son chiffre dépend de l’histoire familiale, de l’histoire locale et de l’histoire régionale. À la fin du xixe siècle, on voit également que ce montant est gouverné par le souci de la préservation de l’entité familiale et des liens affectifs qui prennent le pas sur les contraintes découlant de la nécessité de perpétuer la maison.