21 octobre 2020
Damien Jeanne, « La double chair du lépreux : une accusée piteuse et une humiliée glorieuse », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.wabxs9
Les sociétés médiévales d’Orient et d’Occident reposent sur les valeurs chrétiennes de la pastorale de l’accueil et du soin. Parmi les malades secourus, les lépreux forment une catégorie à part. Deux représentations opposées s’entrecroisent. La première est celle du malade ridicule, bestial et gênant que les Pères grecs de l’Église s’ingénient à briser pour favoriser l’aide des fidèles. La deuxième, forgée par les clercs d’Occident est duale. Elle se fonde sur une contradiction : la lèpre est à la fois provoquée par le non respect d’interdits religieux et synonyme d’élection divine. Comme celle du Christ souffrant, la chair du lépreux oscille entre l’humiliation et la gloire. Pour être acceptée par le corps social et bénéficier de soins, passer de l’impur au pur, elle doit en principe se soumettre à des rites dont nombre de sources offre maints exemples.