L'Argenis de Jean Barclay : une oeuvre d'un autre XVIIe siècle

Résumé 0

Léon Boucher, dans la première thèse consacrée au roman néo-latin de Jean Barclay, Argenis, publié pour la première fois chez Buon en 1621, commençait son préambule par ce constat : « Couverte d’éloges par les auteurs de son temps, presque inconnue des auteurs plus récents, l’Argenis de Barclay semble avoir fait les frais de ce qu’il peut y avoir d’extrême dans la fortune d’une œuvre littéraire . » Un tel renversement étonne, et interroge. 1Plusieurs hypothèses ont été avancées par la critique, dès le XIXe siècle, pour en rendre compte. D’aucuns ont attribué ce déclin et cet oubli au jugement froid mais sûr d’une postérité qui, libérée de l’enthousiasme aveugle des contemporains, serait toujours moins susceptible de se méprendre sur la valeur d’un texte littéraire. Alors que le succès immédiat paraît suspect, l’insuccès différé, prenant ici la forme de l’oubli, est tenu pour fiable. D’autres, plus prudemment, ont vu dans l’itinéraire de cette réception le symptôme d’un vieillissement de l’œuvre. Argenis, trop étroitement enlacée à son époque, ne lui aurait pas survécu. D’autres enfin, redécouvrant et appréciant la richesse et la subtilité de ce roman, se sont persuadés qu’une telle éclipse ne pouvait tenir qu’à des raisons superficielles, aisément réfutables, pour peu qu’on se donnât vraiment la peine de le relire. L’erreur ne serait plus du côté des contemporains, mais éventuellement de celui d’une postérité oublieuse et peut-être méprisante. Bref, la question de l’oubli d’Argenis divise. Notre propos consistera à sonder la pertinence (ou l’impertinence) de ces différentes hypothèses.