20 octobre 2007
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Cécile Marshall, « Poésie, politique et ironie dans l'oeuvre de Tony Harrison », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.wblpnv
Parce qu’elle louvoie constamment entre les extrêmes, surprenant son public là où il ne s’y attend pas, la poésie de Tony Harrison est inclassifiable. A l’instar de l’ironie, son mode d’écriture privilégié, elle est à la fois iconoclaste et traditionaliste, populaire et élitiste, pudique et publique, inclusive et exclusive. Tony Harrison imprime sa marque dans le canon, entre résistance et rébellion, fidélité et originalité, grâce à des traductions audacieuses de textes dramatiques classiques. De même, il revisite la forme sonnet, confronte la langue poétique aux théories sur l’hégémonie culturelle et invite la problématique galvaudée du scholarship boy dans l’Angleterre thatchériste. Dans sa quête d’une poésie publique, ce trouble-fête socioculturel s’approprie des media, ainsi que des lieux de production et de représentation non-conformistes. Brouillant les frontières génériques entre poésie, théâtre et cinéma, entre art et reportage, Tony Harrison impose les rimes et les formes strictes, apparaissant paradoxalement comme le plus traditionaliste des poètes anglais contemporains. Il revisite ainsi l’esthétique tragique pour que la poésie survive aux traumas du vingtième siècle, tout en exhibant une tendance irrépressible à l’ironie. De la ritualisation de la représentation théâtrale à la mise en scène de la littérarité, la poésie de Tony Harrison s’offre en spectacle, écumant les poètes, les langues, les dialectes et les idiolectes pour célébrer les plaisirs de l’écriture