Sur le chemin de la pensée Gricéenne

Résumé Fr

En introduisant le concept d'implicature conversationnelle dans les années 1960, Paul Grice a proposé un cadre d'analyse permettant d'unifier l'étude de tout un ensemble de phénomènes qui n'avaient jusque-là pas été rapprochés. Grâce aux travaux de Grice, pionniers dans leur genre, philosophes et linguistes ont identifié des cas d'implicatures conversationnelles dans les inférences (1b)-(3b), qui émergent quand on replace les énoncés dans leurs contextes respectifs (1a)-(3a). (1) a. Q : Est-ce que tu viens à la fête ? A : J'ai du travail. b. A ne vient pas à la fête. (2) a. Q : Quel est le parcours de Claire ? A : Elle a un diplôme de philosophie ou de linguistique. b. A ne sait pas quel diplôme Claire a, un diplôme de philosophie ou un diplôme de linguistique. (3) a. Q : Combien avez-vous d'enfants ? A : J'en ai quatre. b. A a exactement quatre enfants. À la suite de Grice, on entend par implicature conversationnelle le résultat d'un acte de communication coopératif, au cours duquel le locuteur a l'intention que son interlocuteur reconnaisse qu'il a utilisé la phrase S, associée au sens conventionnel M, pour communiquer quelque chose de plus que M (ou de différent de M), et le locuteur s'attend à ce que l'interlocuteur recoure à un raisonnement par défaut (defeasible reasoning) pour calculer ce supplément de signification. Dans cet article, nous revenons brièvement sur l'histoire des travaux philosophiques qui ont porté sur les notions en italique ci-avant. Cette histoire ne se veut pas exhaustive, loin de là. Notre but se limite à montrer deux choses : d’une part, que certaines des idées au fondement de la notion d’implicature conversationnelle préexistaient aux travaux de Grice, et d’autre part, que l’utilisation qu’il a faite de ces notions et l’analyse des implicatures qu’il a proposée étaient vraiment nouvelles et originales.

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