2014
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Kamel Chachoua, « Les montagnes et la montée des clercs dans l’Algérie coloniale. Viticulture, montagnes et réformisme (iṣlāḥ) aux xixe-xxe siècles », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.wbxwmp
Les études des sciences humaines et sociales sur la religion en Algérie se sont toujours concentrées sur les rôles et les fonctions des acteurs emblématiques (saints, réformateurs) et des institutions anciennes ou modernes (confréries, médersas, écoles publiques) dans une sorte de « fonctionnalisme du pire et/ou du meilleur ». Partant de l'exemple du mouvement réformiste musulman algérien, l'iṣlāḥ (renaissance, naḥḍa en Égypte), souvent présenté comme un mouvement « citadin », « petit-bourgeois » et essentiellement « arabophone », ce texte montre, qu'au contraire, les ulémas fondateurs et promoteurs du mouvement réformiste algérien sont presque tous originaires des montagnes de l'Est, berbérophones, d'origine sociale modeste, prématurément orphelins. Aussi, et pour rendre compte de ces spécificités biogéographique et politique du mouvement réformiste algérien, ce texte revient sur l'histoire de la viticulture en Algérie qui a, dès 1880, scindée l'Algérie en deux. À l'Ouest, une Algérie des plaines viticoles, une Algérie dite « province européenne », et à l'Est une Algérie des montagnes, une Algérie musulmane qui, par une sorte de « conservatisme révolutionnaire », deviendra le terrain du mouvement réformiste (iṣlāḥ) et de la lutte indépendantiste.