1 septembre 2022
Nicolas Vidoni, « « L'émotion collective au défi de la foule. Les débuts de la Révolution à Montpellier » », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.wcsp1l
En 1789, des institutions nouvelles surgissent à Montpellier et prétendent participer au gouvernement urbain. Des émotions et des mobilisations d'habitants interviennent, suscitent et soutiennent ces nouvelles institutions. Or, cela ne va pas de soi pour le gouvernement de la ville. Comment comprendre ce que l'objet foule a représenté pour l'organisation des pouvoirs ? Le premier élément est la persistance d'un héritage culturel et pratique de gouvernement selon lequel la foule est un danger. Or, les émotions des foules n'étaient pas enregistrées, et seule l'agrégation physique posait problème. La nouveauté qui se manifeste au moment de la « pré-Révolution » tient tout d'abord au fait que les émotions, tant individuelles que collectives, sont désormais enregistrées dans les sources. Cette rupture montre combien les émotions des collectifs, partagées localement et nationalement, ont désormais un rôle politique essentiel. Elles sont la source d'une nouvelle légitimité politique. Cette légitimité unit beaucoup plus fermement les citoyens et leurs représentants, à la différence des institutions d'Ancien Régime. Enfin, ce surgissement ne va pas sans régulation. Les nouvelles autorités, qui ne représentent pas sociologiquement l'ensemble de la population, opèrent un processus de distinction et de disqualification des foules et des émotions, et élaborent ainsi un système de légitimité politique qui justifie le nouveau commun qu'elles souhaitent imposer.