2021
Cairn
Gianfranco Marrone, « Échapper à la surveillance. La paresse comme transgression », Littérature, ID : 10670/1.we5jyr
Nous posons que la paresse n’est pas une propriété psychologique d’un sujet individuel mais une réaction contre ce(ux) qui nous enferme(nt) dans une culture qui voit l’activité comme une valeur suprême, souvent comme une fin en soi. La paresse est la réponse transgressive à ceux qui nous forcent à agir et, du même coup, à nous exposer. Ainsi, dans une société de surveillance où chacun est à la fois sujet et objet d’un régime général de visibilité, le paresseux non seulement échappe à l’univers de valeurs, mais il exhibe cette échappée, en renversant le sens de la surveillance qui devient alors une tactique pour qui entend s’opposer au pouvoir, en modifiant la valeur des valeurs, c’est-à-dire la croyance implicite que le travail – quel qu’il soit – ennoblit l’homme. On soutient cette thèse, à partir d’une interview de Roland Barthes, en analysant trois œuvres exemplaires : Alexandre le bienheureux, film d’Yves Robert (1968), Oblomov d’Ivan Gontcharov (1859) et Bartleby. Le scribe (1853) de Melville.