À propos du statut épistémologique des expériences en économie

Fiche du document

Date

2020

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn




Citer ce document

Yves de Curraize et al., « À propos du statut épistémologique des expériences en économie », Revue d'économie politique, ID : 10670/1.wjb1yh


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Apparue dans l’immédiat après-guerre, voire dans les années 1930, la pratique des expériences en économie a connu un essor important depuis les années 1970, une consécration dans les années 2000 à travers l’attribution de prix Nobel en économie expérimentale, et tout récemment la reconnaissance similaire des travaux pionniers d’Esther Duflo sur les Expériences Aléatoires Contrôlées (EAC) en économie du développement. Dans cet article nous nous intéressons aux deux méthodologies les plus couramment utilisées : les EAC et celles qui entrent dans la catégorie de l’économie expérimentale. Partageant le même principe de base qui est de provoquer une observation dans le but d’étudier certains phénomènes, elles n’en diffèrent pas moins par leur origine et leur statut épistémologique. D’une part l’économie expérimentale, tournée vers la théorie, trouve ses origines dans une tentative réfutationniste dans les années 1970. D’autre part les EAC, tournées vers l’évaluation des politiques publiques, viennent d’une recherche de confirmation. Nous montrons par contre que l’influence conjointe des deux méthodologies a ensuite ébranlé une conception de l’économie décrite par Hausman [1992] comme science inexacte et séparée. Économie expérimentale et EAC ont œuvré pour que l’économie devienne une discipline moins généraliste et plus contextualisée. Elles ont aussi obligé les chercheurs, expérimentalistes, randomistes et théoriciens à repenser la définition du domaine de l’économie. Quand certains s’efforcent de le préciser, d’autres tentent de l’élargir, selon différentes conceptions de l’interdisciplinarité. Par contre, il semble que les différentes méthodologies expérimentales ne remettent que peu en question la théorie de la rationalité comme référence normative.

The use of experiments in economics emerged in the immediate post-war period, and even before in the 1930s. Furthermore, it experienced a major boom since the 1970s, with a consecration in the 2000s through the award of Nobel Prizes for experimental economics, and more recently the similar recognition of the pioneering work of Esther Duflo on Randomized Controlled Trials (RCTs) in development economics. In this article, we focus on the two most commonly used methodologies: on the one hand those that fall into the category of experimental economics and on the other, RCTs. Although they share the same basic principle of engendering an observation in order to study certain phenomena, they differ in their origin and epistemological status. On the one hand, experimental economics, oriented towards theory, finds its origins in the 1970s in a refutationist approach. On the other hand, RCTs, oriented towards the evaluation of public policies, have confirmationist origins. However, we argue that the joint influence of the two methodologies subsequently put into question the conception of economics described by Hausman [1992] as “an inaccurate and separate science”. Indeed, experimental Economics and RCTs have turned economics into a less generalist and more contextualized discipline. They have also forced researchers, both experimentalists and theorists to rethink the very definition of the domain of economics. While some are trying to make it more specific, others are trying to broaden it, based on their different conceptions of interdisciplinarity. Finally, it seems that neither of the two types of experimental methodology really question the theory of rationality as a normative reference. JEL Classification : B21, B23, B41, C91, C92, C93, N01, Z18

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en