24 novembre 2020
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Jean Finez et al., « Les économies de la sexualité », HAL-SHS : économie et finance, ID : 10.3917/rfse.025.0015
Étudier la sexualité sous l’angle socio-économique est une démarche difficile, et c’est sans doute ce qui explique qu’elle n’est pas si courante. Politiquement et moralement contestées, mais aussi invisibilisées, les activités ayant trait à la sexualité posent problème. Elles peinent à être considérées comme des activités économiques légitimes, y compris d’un point de vue scientifique. Il convient dès lors de penser pleinement l’articulation entre sexualité et économie, en dépassant les antagonismes traditionnels entre ces « mondes hostiles ». Étudier la dimension socio-économique des activités sexuelles est d’autant plus utile que celle-ci occupe généralement une place marginale dans les travaux en sciences sociales sur la sexualité. L’analyse des activités sexuelles contre compensation gagne ainsi à s’enrichir des apports de la (nouvelle) sociologie économique, et plus spécifiquement de la littérature sur les marchés. La sexualité humaine s’inscrit dans des structures sociales qui cadrent les pratiques et les représentations et dans un ensemble d’engagements affectifs et sentimentaux. Privilégier une entrée socio-économique de la sexualité permet de contester la vision d’un individu flottant dans l’espace social et de proposer un cadre d’interprétation alternatif plus « réaliste ».Ce dossier de la RFSE comporte quatre articles de recherche rédigés à partir d’enquêtes empiriques originales. Il comporte aussi une note et synthèse de recherche portant sur l’intérêt de la sociologie économique pour l’étude de la sexualité et un débat et controverse sur la thématique des « économies numériques de la sexualité ». Le dossier se clôt enfin par un entretien. Les questionnements des contributeurs et contributrices de ce numéro, issus majoritairement d’autres traditions disciplinaires que la socioéconomie, éclairent sous un nouveau jour des thèmes classiques comme le travail, l’argent, le marché et l’organisation, et en révèlent certains impensés. Ils contribuent par leurs réflexions à sortir la sexualité de son exceptionnalité.L'introduction est organisée en trois sections. Les catégories « travail », « argent et marché » et « organisation » sont successivement mobilisées pour questionner les apports et limites des recherches en sciences sociales sur la sexualité et montrer en quoi les articles réunis dans ce numéro enrichissent le débat sur les économies de la sexualité.