12 avril 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Gilles Declercq, « Schèmes argumentatifs et culture oratoire : l’exemple de Jean Racine », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.wo000x
La présente étude articule rhétorique, linguistique pragmatique et esthétique théâtrale sous l’angle commun de l’argumentation, appliquée au déchiffrement des stratégies persuasives intrascéniques et de la production extrascénique des émotions dans les tragédies de Racine. La culture rhétorique classique lie, dans une problématique de la parole agissante, l’ensemble des pratiques éloquentes dont la topique et les codes définissent la rhétorique comme poétique et herméneutique au fondement des pratiques langagières tant sociales que fictionnelles. Dans le dessein de se faire avocat, Racine entreprend une lecture systématique de l’Institution oratoire de Quintilien qui l’initie à la représentation vraisemblable des passions et aux techniques argumentatives de réfutation (éristique), et de contournement (sophistique). Cette formation transparaît paradigmatiquement dans un enthymème d’Andromaque (je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ?) dont la genèse dramatique et l’histoire théorique réfèrent simultanément à Quintilien et à la Logique de Port-Royal : le fonctionnement cognitif (intelligibilité) et esthétique (vivacité) de ce schème argumentatif est ainsi doublement éclairé par une réflexion rhétorique historique et transhistorique dont la scène théâtrale est un vecteur exemplaire