2010
Cairn
Christophe Perrin, « Sartre ou la fausse question de l'humanisme », Archives de Philosophie, ID : 10670/1.wradhw
Accusé d’anti-humanisme par beaucoup, Sartre, qui, le 25 octobre 1945, fait publiquement aveu d’humanisme, se le fait pourtant reprocher par tous : ses fidèles lecteurs y voient une trahison, ses détracteurs un mensonge, Heidegger une erreur, certains de ses commentateurs un calcul. Critique de l’humanisme idéaliste au nom de son nominalisme, de l’humanisme classique au nom du subjectivisme de l’existentialisme, et de l’humanisme bourgeois au nom de son socialisme, Sartre, pourtant, ne devient pas humaniste sur le tard : il l’est depuis le départ – et cela même quand Roquentin, lui, dit qu’il ne l’est pas. Car s’il est une évolution du philosophe au sujet des hommes – de la théorie de l’homme seul au modèle de l’homme parmi les hommes –, il n’en est pas de l’intérêt de l’homme qu’il fut pour ses semblables.