2001
Cairn
Geneviève Arfeux-Vaucher, « Images de la vieillesse dans la littérature enfantine et auprès de jeunes enfants », Retraite et société, ID : 10670/1.wx9gl2
Étudier les représentations de la vieillesse et de la mort dans la littérature pour enfants, c’est s’interroger à la fois sur les a priori des adultes (auteurs des livres) et sur la construction des mentalités des enfants (lecteurs). À la fin du XIXème siècle, les personnes âgées représentées dans les livres étaient intégrées dans la société et y exerçaient encore un rôle productif. Leurs rapports avec les enfants étaient empreints de distance respectueuse. Les années cinquante, qui voient l’apparition des premiers retraités, marquent une rupture avec ces conceptions. Les personnes âgées sont peu à peu exclues du monde productif des adultes alors que leurs liens avec leurs petits-enfants se teintent progressivement d’affection etdecomplicité. À partir des années soixante-dix, les enfants-héros commencent à pouvoir poser ouvertement des questions sur le sens du vieillissement et de la mort, aidés souvent en cela par les personnes âgées elles-mêmes. Malgré ces évolutions, l’analyse des ouvrages récents pour enfants révèle un décalage persistant entre les représentations des personnes âgées et la réalité. Certes les personnes âgées représentées sont en meilleure santé, elles commencent (avec trente ans de retard sur la réalité) à avoir des loisirs pour elles-mêmes et non plus uniquement avec leurs enfants/petits-enfants. Depuis peu, les ouvrages pour enfants exploitent les thèmes de la nécessaire levée des secrets familiaux ou encore de la vie amoureuse des personnes âgées. Les personnages masculins restent cependant sur-représentés et la quatrième génération, pourtant bien présente dans la vie, est exclue ou se confond avec celle des grands-parents. Ces déformations qui subsistent dans la littérature enfantine reflètent et perpétuent le décalage de notre société entre la réalité et les mentalités.