18 novembre 2022
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Maria Luna Aillaud, « Le Spleen Féminin : représentation du personnage féminin dépressif dans Arlington Park de Rachel Cusk, Asylum de Patrick McGrath et The Hours de Michael Cunningham », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.x0sjrk
Dans les années 1990, avec l’avènement d’antidépresseurs comme le Prozac, une soudaine popularité du discours psychiatrique s’accompagne d’une sur-représentation du féminin dans le discours littéraire. Le corpus de ce mémoire souligne cette idée : The Hours (1998) de Michael Cunningham, Asylum (1996) de Patrick McGrath, et Arlington Park (2006) de Rachel Cusk, ainsi que de leurs adaptations cinématographiques. Ces œuvres tissent un lien intrinsèque entre être une femme et souffrir de dépression en passant de la « madwoman in the attic » à la « madwoman in the kitchen » puis à la « crazy woman next door ». La problématique est la suivante : la dépression n’est-elle pas exclusivement montrée comme une maladie des femmes dans le corpus ? Il y a certes un sous-texte où le Spleen est la référence, mais ce dernier se joint à la question du genre : les hommes sont représentés comme sains d’esprit et les femmes comme folles. Cette dichotomie s’expliquerait toutefois par une inadaptation sociale des femmes à la société patriarcale plutôt qu’à une pathologie : leur identité est prédéfinie par le mariage ou la maternité, et de fait, elles se voient contraintes de porter une persona qui détermine leur comportement en société, menant à une impossibilité d’identité. Le corpus présente également le lieu comme créateur d’identité : on est une femme au foyer modèle dans une banlieue, une femme folle dans un asile psychiatrique, une mère parfaite dans une maison familiale bien tenue. Cependant, il n’y a pas que l’asile qui est une prison physique et mentale pour les femmes du corpus : le lieu exerce une influence sur la construction du personnage féminin, mais aussi sur sa destruction.