Éditorial

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Lorsque Yan Lianke publia en 2004 Shou huo (La joie de vivre), traduit en France sous le titre Bons baisers de Lénine, roman dans lequel un groupe de villageois handicapés cherche à amasser suffisamment d’argent pour acquérir la momie de Lénine, il s’est sans doute trouvé des lecteurs pour songer aux bénéfices symboliques apparemment illimités récoltés jour après jour en Chine grâce à une autre momie : celle qui est conservée dans le Mausolée de la place Tiananmen. Même si d’aucuns préfèrent ne pas le voir, le portrait de Mao continue d’orner la porte de la Paix céleste et l’ensemble de la dernière série des billets de banque, imprimés en 1999. Le « style Mao » ou la « langue Mao », une rhétorique politique particulière dans laquelle la plupart des dirigeants actuels ont été formés, continue à exercer une influence indéniable sur la sphère politique, et même plus largement, sociale, notamment dans le nouveau récit national dépeignant la Chine comme victime avant 1949. De la même manière, la présence de Mao reste un sujet inépuisable dans les débats intellectuels, à travers ses avatars successifs que sont la démaoïsation, la parodie, la marchandisation, la nostalgie, l’instrumentalisation et la réhabilitation, autant de métamorphoses qui deviennent à leur tour un objet d’études pour les spécialistes de la Chine contemporaine. …

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