Les SHS et l'interdisciplinarité

Résumé Fr

Le lien entre santé et société est à la fois passionnant et ouvre assurément vers une discussion interdisciplinaire à la hauteur des enjeux ouvertes par des questions de santé publique.Les organisateurs de ce colloque ont choisi d’ouvrir ces journées par une réflexion sur l’interdisciplinarité. En dehors du plaisir d’avoir été invité pour parler de cela, je me réjouis de ce choix qui traduit une position épistémologique forte laquelle consiste à interroger les conditions d’un travail avec des chercheurs de disciplines différentes, les effets que cela produit ou non sur la production et la circulation des connaissances. Cela va de soi… et pourtant cela n’est pratiquement jamais fait. Généralement, l’interdisciplinarité est affichée et lors de nombre de discussions informelles avec des organisateurs de colloques ou rédacteurs de projets de recherche, ce qui préside à la qualification d’interdisciplinaire repose sur l’importance de se montrer ouvert à tous ou de donner des gages par rapport aux financeurs. Mais au-delà de ces célébrations, on notera qu’il existe peu d’arguments pour montrer que l’interdisciplinarité est heuristique ou non, et le cas échéant pour décrire comment l’interdisciplinarité serait productrice de connaissances. Bref cette interdisciplinarité ressemble plus à un mot d’ordre, une injonction ou à un credo qu’à une démarche scientifique assurant la rigueur à laquelle nous sommes pourtant tous attachés.Nous proposerons une piste pour réfléchir à l’interdisciplinarité en matière de santé : monter un observatoire sur les porosités interdisciplinaires dans le champ. Sur le modèle de celui sur les risques mené en collaboration avec l’ANSES et l’EHESS, on pourrait avoir un suivi régulier des formes de collaborations grâce à un observatoire informatisé.