Explicitation et co-analyse conversationnelle dans l’autoconfrontation accompagnée : Heuristicité d’un dispositif de co-recherche praticienne en Économie sociale familiale

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14 octobre 2022

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Michel Binet et al., « Explicitation et co-analyse conversationnelle dans l’autoconfrontation accompagnée : Heuristicité d’un dispositif de co-recherche praticienne en Économie sociale familiale », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.xa6pu6


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Notre proposition de communication porte sur un dispositif hybride d’autoconfrontation accompagnée combinant les apports de l’analyse conversationnelle ethnométhodologique (Sidnell & Stivers, 2013) et de l’entretien d’explicitation psycho-phénoménologique (Vermersch, 2012 ; Mouchet, 2014), conçu, testé et perfectionné dans le cadre d’un projet de co-recherche praticienne mené dans le domaine du Conseil en Économie Sociale Familiale.La collecte d’autoenregistrements d’entretiens d’accompagnement social réalisés par quatre Conseillères en Économie Sociale Familiale (CESF) a permis la constitution d’un corpus qui, contrairement à une démarche très fortement majoritaire en ACE, n’a pas servi de base empirique à un travail analytique mené par les seuls chercheurs du milieu académique, sans contact ni échange avec les praticiennes enregistrées. Loin d’être confinée à la seule phase de collecte du corpus, la dynamique collaborative a été étendue à la phase d’analyse, au moyen d’un dispositif d’autoconfrontation accompagnée des praticiennes avec les traces enregistrées de leur propre travail.Cette démarche, très atypique en ACE (Pomerantz, 2005), a ouvert la possibilité de compléter et d’enrichir les descriptions en troisième personne (produites par l’analyste conversationnel) par des descriptions en première personne, et ce, dans le cadre d'un échange de grande intensité interlocutoire et intersubjective.L’autoconfrontation accompagnée permet en effet à l’analyste conversationnel de convertir ses descriptions en troisième personne en des co-descriptions : ses propositions de description sont adressées et soumises à la praticienne visée par celles-ci, qui, mise en position d’autorité épistémique, se voit ainsi attribuer un pouvoir de contrôle, de validation, de correction ou de réfutation des descriptions concernant son propre travail, dans le cadre des relations intersubjectives et interlocutoires mises en place par l’autoconfrontation accompagnée. L’entretien d’explicitation renforce cette dynamique politico-méthodologique en faveur de la praticienne, qui se voit conviée à une prise de parole en première personne, dans des conditions très favorables à une exploration guidée et subtile du vécu subjectif, décrit et explicité finement dans ses dimensions sensorielles, cognitives et émotionnelles.L’enregistrement audiovisuel des sessions en ligne d’autoconfrontation accompagnée a généré un second corpus qui permet une mise en abyme analytique, à la faveur de laquelle le dispositif se dédouble, devenant tour à tour moyen de la recherche et objet de la recherche. Notre communication se voit ainsi dotée des ressources nécessaires à un travail de description dense de la participation dense (Sarangi, 2005 : 376) des praticiennes au dispositif mis en place.Les modes de combinaison de l’analyse conversationnelle et de l’entretien d’explicitation dans un tel dispositif, testé et perfectionné au long du projet, ainsi que la portée heuristique de ceux-ci, sont des questions dorénavant au cœur de l’agenda de notre équipe de recherche, qui seront constitués en objets de recherche sous la forme de transcriptions, de descriptions et d’analyses de la co-recherche praticienne saisie sur le vif, en train de s’accomplir.

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