2014
Cairn
Olivier Abel, « Sphères de reconnaissance », Revue d'éthique et de théologie morale, ID : 10670/1.xbazc5
L’idée de reconnaissance désamorce ce qu’une posture de dénonciation pourrait avoir de purement extérieur, pour penser les liens de l’intérieur. Et si la dénonciation est portée par l’idéal d’émancipation, la reconnaissance sait l’importance des attachements. Mais la reconnaissance ne saurait retomber dans une forme de quiétude trop apaisée, trop crédule aux médiations et réconciliations. Il doit rester une sorte d’inquiétude critique, elle-même mise en émoi par toutes les formes du déni de reconnaissance : le sentiment de méconnaissance à cet égard restera un sûr guide du travail de reconnaissance. Nous sommes notamment très focalisés sur l’injustice comprise comme inégalité économique, et sur la violence et la domination dans des rapports de force. Mais nous n’accordons peut-être pas assez d’importance à l’humiliation d’être sans parole ni estime de soi. La pluralité des registres de la vie sociale, avoir, pouvoir, valoir, exposée très tôt dans l’œuvre de Ricœur, nous aidera ainsi à élargir l’amplitude de la reconnaissance, jusqu’à lui restituer son sens épique.