La puissance de la fiction à la recherche de la joie spinozienne : Hallucination de l'image, plaisir et effet de réalité

Résumé Fr En

Cet article explore la puissance de la fiction (créatrice d’un effet de monde) hors des sentiers battus de la narration et de la figuration, en analysant le pouvoir d’hallucination de l’image à la lumière conjuguée de la sémiotique peircienne et de Spinoza mais également des trompe-l’œil de Filippino Lippi. Au lieu de réduire l’effet de monde de la fiction et le principe de plaisir à un « paradis artificiel » opposé à une réalité prétendument immuable et assombrie par la souffrance et la mortalité, il s’agit d’envisager la « promesse de bonheur » de la fiction dans la perspective de la joie spinozienne où l’éternité, disjointe de l’immortalité, peut s’expérimenter comme jeu des intensités grâce à l’augmentation des facultés de perception et d’action.

Exploring other paths than the commonly used ones of narration and figuration, this paper analyses the power of fiction (creating a world effect) by studying hallucination both in the light of Peirce’s semiotics and Spinoza and through Filipino Lippi’s trompe-l’œil. Instead of reducing fiction’s world effect and the pleasure principle to a mere “artificial paradise” opposed to a so-called immutable reality, burdened with pain and mortality, we must consider fiction’s promise of happiness in the light of spinozian joy through which we can enjoy eternity (disjointed from immortality) as an experience of intensities, thanks to the augmentation of the faculties of perception and action.