Omnia Vanitas: Pieter Claesz in Haarlem, Paris and Nuremberg

Résumé Fr

Le musée du Louvre expose parmi ses chefs d’œuvre de la peinture hollandaise une très grande nature morte « aux instruments de musique » de Pieter Claesz (1596/97-1660), seule œuvre de ce peintre ici conservée. Elle représente des objets hétéroclites, des instruments de musique et une tortue. Interprétée par Albert Pomme de Mirimonde comme une « allégorie des cinq sens et une vanité des jouissances qu’elle procure », elle montre en effet l’Ouïe au travers des instruments de musique, le Toucher grâce à la tortue, la Vue grâce au miroir, l’Odorat avec la pipe et son amadou, la chaufferette et la boîte à tabac, le Goût avec le pain, la tourte, les biscuits et le verre de vin. L’ivresse, l’inutilité du savoir, le passage du temps, le pain et le vin comme symbole de l’Eucharistie donnent aussi une dimension morale voire religieuse à la composition. Cette toile monumentale reprend de nombreux éléments à une « Vanitas » musicale, la première de l’histoire de l’art, gravée par Theodor Dirck Matham (1605-1676) un an auparavant, où des vers mis en musique de Joan Albert Ban (1597-1644) donnent la clef morale de la composition ; « Toutes [les choses] des hommes sont suspendues à un mince fil, / Et, ce qui était fort, s'écrase dans une chute soudaine ». Une autre vanité de Claesz, datée 1628, conservée au Germanisches Nationalmuseum, est comme une réplique réduite de celle du Louvre. Le violon et son archet semble avoir été fabriqués par le même luthier. La méditation sur la mort et la fragilité de la vie sont cette fois franchement explicites : bougeoir éteint, verre renversé, crâne, boule de verre où se reflète l’artiste lui-même.

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