2020
Cairn
David Oget, « La formation des ingénieurs à l’activité de conception et les sciences humaines », Phronesis, ID : 10670/1.xgwmln
En imaginant ce qui permet de passer d’une situation existante à une situation désirée, le concepteur mobilise des capacités d’observation, d’analyse, de projection et de création. La formation à la conception dans les écoles professionnelles pose la question du développement de ces capacités et de la mobilisation des outils et connaissances proposés par les sciences de la conception. Si ces outils ont vocation à développer des capacités des apprenants à concevoir, les sciences de la conception excluent de leurs modèles d’analyse le concepteur en tant que personne singulière. Elles s’intéressent aux procédures plus qu’à l’usage qu’en fera l’acteur. Les approches issues des sciences humaines et centrées sur l’analyse de l’activité sont mobilisées ici pour questionner l’identité du concepteur comme sujet de son activité. Nous proposons d’analyser ce décalage épistémologique entre sciences de la conception et analyse de l’activité à partir de la formation à la conception dans une école d’ingénieurs en cinq ans. Cette formation, qui bénéficie des apports de la méthode dite de conception inventive, repose sur la pédagogie du projet. Par ailleurs, l’analyse de la conception inventive met au jour un paradoxe inhérent aux sciences de la conception : en construisant des procédures-solutions, la conception inventive est reproductive avant de se faire inventive. Au-delà des procédures, l’inventivité se développe dans les interactions.