Géohistoire et géomatique : une approche interdisciplinaire au service des trajectoires et des patrimoines paysagers. Exemple de la Sologne du Nord (XVIIIe-XXIe siècles)

Résumé Fr

La Sologne du Nord, quasiment uniformément boisée aujourd’hui sans être pourtant assimilée à une grande sylve patrimoniale, est en quête d’une légitimité naturelle. Si l’image de la chasse au grand gibier pratiquée au sein de grands domaines cynégétiques privés prédomine, les valeurs de la Sologne en termes de biodiversité, de qualité des paysages et d’attractivité territoriale sont floues et contradictoires, ce qui nuit au développement local. C’est dans ce cadre, au sein d’un collectif comprenant à la fois des historiens, des géographes, des géomaticiens, des élus et des acteurs du territoire qu’a été lancée une étude sur le patrimoine naturel de la commune de Ligny-le-Ribault.S’appuyant sur une riche collection iconographique de plans terriers, cadastres anciens, cartes d’État major et photographie aérienne, recourant à des entretiens auprès des grands propriétaires villageois, le travail a mis en évidence non seulement les évolutions paysagères majeures depuis 1700 mais aussi les facteurs politiques, économiques et sociaux (notamment fonciers) qui commandent ces évolutions. Enfin, par une analyse diachronique et comparative des modes d’occupation des sols, les paysages patrimoniaux relictuels des différentes étapes de la constitution paysagère d’ensemble ont pu être mis en exergue. Ces paysages, le plus souvent ouverts (landes, prés, pâtis et pâtures, labour et jardins) mais comprenant aussi des vestiges des politiques forestières révolues (futaies de Pin maritime, de Chêne), assoient aujourd’hui une politique communale de valorisation des milieux naturels.Dans cette communication une attention particulière sera portée aux liens entre géomatique et géohistoire. À cet effet, un SIG géohistorique rassemblant toutes les situations historiques des modes d’occupation des sols de 1700 à aujourd’hui a été créé, et ce à partir d’un maillage spatial extrêmement fin. Dès lors, des traitements statistiques et une analyse spatiale permet de repérer des trajectoires paysagères qui in fine aident à définir des paysages patrimoniaux et guident les politiques publiques.