12 juillet 1996
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Fabienne Féraud, « Texte(s) et image(s) : les bestiaires de la librairie et du Palais pontifical d'Avignon (XIVe-XVe siècles) », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.xismlt
Avec Textes et images : les bestiaires de la librairie et du Palais pontifical d'Avignon (XIVe-XVe), il s'agit d'entreprendre une étude à la frontière de la littérature et de l'art, à l'appui d'un palais prestigieux et de sa bibliothèque. Cette démarche a trouvé sa légitimité grâce aux travaux de G. C. Druce et X. Muratova qui posaient un nouveau regard sur l'incidence des manuscrits anglo-saxons sur la création monumentale. En somme, il était question d'étudier les possibles liens existant entre textes et images.Si le Palais des Papes devenait certainement le plus grand centre culturel d'Occident chrétien, sa bibliothèque dont un grand nombre d'ouvrages provenait de Pérouse, de dons et de dépouilles diverses s'affirmait un excellent témoin des connaissances et des mentalités du quatorzième siècle. Ainsi, il fut question de détecter des analogies entre les cycles ou les motifs issus des textes et des culots sculptés afin de permettre l'identification de plausibles échanges entre la tradition textuelle et la sculpture monumentale en région avignonnaise. Pour cela, il a fallu confronter les deux corpus, bibliographique et iconographique.Dans un premier temps, il a été question de faire un recensement des textes pour ensuite les organiser, les regrouper pour comprendre l'évolution des manuscrits qui véhiculèrent l'imagerie animale entre 1316 et 1420. Les ouvrages ont alors été divisés en trois principales classes : les écrits scripturaires (textes vétéro- et néotestamentaires), les œuvres patristiques (sermons, encyclopédies latines, traités de la nature, bestiaires, hagiographies et les Historiales) et les textes païens (encyclopédies antiques gréco-romaines, les poésies et les romans les traités de la nature en langue vernaculaire, les traités scientifiques et encyclopédiques, les récits de voyages, légendes et chroniques). Ainsi, ont pu être recensés hormis les textes bibliques et les gloses, sept Hexameron de Saint Ambroise, douze Rationale divinorum officiorum de Guillaume Durand, dix-huit Moralia in Job de Saint Grégoire, un De Universo de Raban Maur, un Otia Imperiala connu sous le nom de Mirabilibus mundi de Gervaise de Tilbury, neuf De proprietatibus rerum de Barthélémy de Glanville, six De Animalibus d'Albert le Grand, trois Speculum Naturale de Vincent de Beauvais, un ou deux Bestiairium, quinze Historia Animalium d'Aristote traduite en latin, six Naturalis Historia de Pline, trois Collectionae rerum memorabilium de Solin, sept Cronica santorum ou Aureas Sanctorum de Jacques de Voragine, un De arte venandi cum avidus de Fredéric II, un De medica equorum de Ruffo Giordano, trois Historia Terre Orientalis, deux Flos ystoriarum terre orientis de Hayton, six légendes, un De arte venandi cum avidus de Frédéric II, deux Mappa mundi, un Compendium philosophiae, deux Gesta alexandri magni de Quintius-Curtius Rufus et vingt-deux Etymologia d'Isidore de Séville.D'après la bibliothèque pontificale, les connaissances du monde animalier diffusées par le Physiologus se seraient essentiellement transmises grâce à l'Étymologie d'Isidore de Séville et le Speculum Historiale et Naturale de Vincent de Beauvais. En l'absence de bestiaires et de leurs versions vernaculaires, ces textes auraient alors contribué à maintenir, dans le milieu ecclésiastique du quatorzième siècle, les traditions textuelle et orale des connaissances zoologiques. Si pour l'heure aucune analogie n'a permis d'établir dans ce cas précis une incidence directe des textes sur le choix ou la composition des motifs sculptés, les cinq encyclopédies médiévales ont toutefois aidé à la compréhension des premières tentatives de taxonomie. Ces dernières ont ainsi concouru à élaborer une première identification des motifs sculptés du Palais des Papes pour esquisser une systématique.À travers le bestiaire sculpté d'une région prestigieuse qui connut à la fin du Moyen-Âge une destinée exceptionnelle grâce à la papauté, ces recherches ont donc voulu aborder le problème du parallélisme, généralement effleuré, entre la littérature et d'histoire de l'art.