13 avril 2023
Damien Jeanne, « Notion de réseaux de soins et léproseries : un paradigme efficient ? », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.xkqz6r
En géographie contemporaine, le réseau forme un ensemble de relations aux connexions plus ou moins complexes. En topologie, un réseau est constitué de nœuds et de segments. Un réseau géographique comprend des lieux, des chemins qui les relient. On passe du réseau au territoire par le capillaire qui transforme le linéaire en une aire. Les réseaux apparaissent souvent hiérarchisés et offrent une structure systémique dont l’interaction avec un centre organise un pôle.Cette définition correspond-elle à « l’espace vécu » pour le Moyen Âge ? L’espace médiéval est discontinu et hétérogène . Il est polarisé par des nœuds articulés par les paroisses, les sanctuaires, les châteaux, mais aussi par des centres de soins collectifs tels les hôtels-Dieu, les léproseries ou les aveugleries. Ces maisons charitables se définissent vers 1160 par Jean Beleth dans sa Summa de ecclesiasticis officiis comme des « lieux vénérables ».Peut-on parler d’une géographie systémique de soins aux lépreux ? Centres de rituels, les léproseries – carrefours éloignés de rencontres – déploient un espace de solidarités par les contributions des paroissiens, une place marchande, parfois un pôle de peuplement. Si le lépreux est une victime « christomimétique » ritualisée, alors une communauté lépreuse compose un point nodal à partir duquel tout rayonne et constitue un espace d’unité collective.