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Aude Nuscia Taïbi et al., « Les zones humides en domaine sahélien face aux mutations des modes de mise en valeur agricoles (lacs de Mal, d'Aleg et bas delta du fleuve Sénégal) », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.xliqo6
La Mauritanie, comme tout le Sahel, a été soumise ces dernières décennies à une sécheresse sévère qui a eu de graves conséquences environnementales et socio-économiques avec le développement de processus de dégradation des milieux et de profondes mutations des modes de mise en valeur agricoles de ces zones. Face à ces conséquences, les trois pays riverains du fleuve Sénégal ont mis en place des aménagements lourds dans la vallée avec les barrages de Manantali en amont et de Diama dans le bas delta pour permettre, notamment, le développement de l'agriculture irriguée, dans l'objectif louable de répondre aux besoins alimentaires de la population. Les cultures sous pluies de la périphérie des lacs d'Aleg et de Mâl ont été remplacées par une agriculture de décrue dans les lacs ou sur les affluents en arrière de petits barrages qui se sont ainsi multipliés. Les pratiques d'élevage ont en outre été profondément transformées avec la sédentarisation massive des anciens nomades et le cantonnement des troupeaux autour des lacs, zones humides remarquables situées aux confins du Sahara et du Sahel, et qui sont ainsi fragilisées. Ces mutations ont donc accentué et pérennisé les processus de dégradation générés initialement par la sécheresse et l'on est en droit de se demander aujourd'hui si la péjoration climatique ne joue pas un rôle, plutôt indirect, en favorisant les pressions anthropiques.