17 mars 2022
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Nicole Vernazza-Licht, « Distanciation physique, distanciation sociale : contrainte et adaptation », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.xmcuae
Utilisé par l’OMS, puis repris par le conseil scientifique Covid 19 auprès du gouvernement, le terme de distanciation sociale a révélé d’emblée une lourde ambigüité sémantique entre une distance à opérer entre classes ou groupes sociaux « social distancing » et la distance physique qui était souhaitée par les autorités sanitaires et politiques pour éviter la contamination des individus et la diffusion du virus dans l'espace social et géographique. L'article envisage les glissements sémantiques qui se sont opérés et les comportements qui ont été induits. Cette situation nouvelle a généré une explosion lexicale liée au covid 19 et très rapidement la population s’est appropriée le vocabulaire savant des médecins et des scientifiques. Dans le même esprit, la population a su rapidement suppléer à l’absence d’interactions physiques (embrassades, poignées de main) et une nouvelle gestuelle de salutation s’est imposée comme le « elbow bump » (bonjour du coude), le « footshake » à la Wuhan (salut du pied) et le check Fist bump (poing contre poing). La question du corps, en particulier, est centrale dans la distanciation physique car le corps est un excellent révélateur des tensions dans la société, qu'il s'agisse des comportements d'hygiène, des pratiques de sociabilité limitée (marque d'affection, mise en bière, enterrement). L’application des règles de distanciation sociale a, en particulier, empêché toutes ritualités et perturbé le processus d’acceptation de la mort. L'analyse met en évidence que globalement les personnes ont fait preuve de responsabilité dans le respect des mesures sanitaires, l'auteur note qu'il convient toutefois de souligner les difficultés d’adaptation, les contournements volontaires ou contraints des règles imposées et le fait qu'on peut s’interroger sur la capacité de résilience des individus face à une épidémie dont les scientifiques apprécient encore difficilement l’évolution.