6 mai 2017
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Florent Leo et al., « Démarcation des terres indigènes et inégalités en zone de front pionnier au Nicaragua : le cas de Tasba Pri », HAL-SHS : géographie, ID : 10.1051/cagri/2017019
Le nord de la côte atlantique du Nicaragua, initialement peuplé d'indigènes, principalement Miskitus, est longtemps resté forestier et en marge du cœur économique du pays. Depuis les années 1950, il connaît l'avancée d'un véritable front pionnier de populations métisses en provenance de la moitié pacifique du pays, en quête de terres à défricher pour développer des élevages bovins. Après avoir marqué le pas durant la période sandiniste (1979–1990), la progression de ce front s'accélère depuis le début des années 1990 et contribue au fait qu'aujourd'hui, seulement 45 % de la population de la Région autonome de la Côte caraïbe nord (RACCN) soit d'affiliation miskitue. À Tasba Pri, l'arrivée continue d'éleveurs bovins sur les terres communales et l'intégration progressive aux échanges marchands se sont le plus souvent accompagnées de l'éviction d'une partie des familles miskitues de leurs terres et de la captation d'une rente foncière par leurs élites. Le creusement des inégalités inter- et intra-ethniques conduit à une fracture profonde entre systèmes familiaux précarisés et systèmes patronaux, marquée par la multiplication des violences autour de l'accès au foncier. Instrumentalisés par une partie des élites indigènes locales, la législation foncière spécifique à la démarcation des territoires indigènes (loi 445 de 2003) ne contribue pas à régler ces conflits, mais à donner un semblant de légalité à la vente de terres communales.