De l'Algérie à la France. Les conditions de départ et d'accueil des rapatriés, pieds-noirs et harkis en 1962

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2010

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Abderahmen Moumen, « De l'Algérie à la France. Les conditions de départ et d'accueil des rapatriés, pieds-noirs et harkis en 1962 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, ID : 10670/1.xoa0qg


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Durant l’année 1962, près de 650 000 personnes quittent l’Algérie pour se replier dans leur grande majorité en France. C’est un épisode inédit par son ampleur : en quatre mois, il y a autant de réfugiés qu’en cinq ans, au moment des précédentes migrations liées à la décolonisation française. Ce mouvement imprévu et brutal se déroule entre les accords d’Évian et les premiers mois de l’indépendance de l’Algérie. Après une présentation historique des différentes populations concernées par cet exode — des Européens d’Algérie aux pieds-noirs, des indigènes israélites aux juifs d’Algérie, des Français de souche nord-africaine aux Français musulmans rapatriés —, les facteurs de cette migration politique sous contrainte, dans le cadre de la décolonisation de l’Empire français, sont exposés. Si pour les pieds-noirs et les juifs d’Algérie, l’exode est la conséquence de l’action de l’Organisation armée secrète (OAS), de l’insécurité générale et de l’ambiguïté de leur place dans la future Algérie indépendante, en ce qui concerne les harkis, ils sont poussés massivement à fuir par les violences à leur endroit. C’est dans un climat frôlant l’anarchie que se déroulent l’exode imprévu des Français d’Algérie et le transfert, néanmoins limité, des auxiliaires coloniaux. Tout en étant une population hétérogène, ils constituent, en se réfugiant et se réinstallant en France, ce que l’on nomme désormais « les rapatriés d’Algérie ». Les pouvoirs publics français chargés de leur accueil se heurtent à la problématique de leur dénomination qui constitue un véritable imbroglio sémantique alternant entre les notions de rapatriés, repliés et réfugiés. Ils doivent relever de nombreux défis liés à leur installation sur le territoire national : l’organisation d’une administration d’accueil spécifique, la résolution des problèmes de saturation des logements et d’emploi. À travers la hiérarchisation des rapatriés, cette prise en charge fait apparaître une certaine continuité dans les représentations coloniales héritées de l’Algérie coloniale : reclassement prioritaire des pieds-noirs, spécificité des Juifs d’Algérie et marginalisation des harkis. Cet article se veut une synthèse, dans une perspective comparative, des conditions de départ d’Algérie et d’accueil en France de ces populations.

From Algeria to France. Repatriates, Pieds Noirs, Harkis : Conditions of Departure and of Arrival, 1962 In 1962, some 650 000 people left Algeria, most of them withdrawing to France. It is an unprecedented event, given its magnitude. In the space of four months, the total refugee population equalled five years of former migration waves related to French decolonization. This sudden surge occurred during the period between the Evian agreements and the first months following Algeria’s independence. After a historical presentation of the different populations concerned by this exodus –Europeans from Algeria who become pieds-noirs, Israelites natives to Algeria who become Algerian Jews, French of North-African extraction who become French Muslim repatriates–, the factors underlying this forced political migration during the decolonisation process in the French Empire are examined. The exodus of the pieds-noirs and the Jews of Algeria was the consequence of the actions of the Secret Army Organisation’s (OAS- Organisation de l’armée secrète), the pervasive atmosphere of insecurity and a general uncertainty regarding their future status in independent Algeria. The harkis also fled in large numbers due to the violence they suffered. This unexpected exodus of the French of Algeria and the transfer of a limited number of colonial auxiliaries took place in an atmosphere of near anarchy. Fleeing Algeria to resettle in France, this mixed population constituted what became known as the “repatriates from Algeria”. The French public authorities in charge of their arrival and settlement came up against the problem of their denomination, which constituted a veritable semantic imbroglio, alternating between the notions of “repatriates”, “the withdrawn” or “refugees”. They were also confronted with numerous challenges concerning their settlement on French territory : organizing a specific administrative reception structure, finding solutions to housing and employment shortages. The hierarchical approach used to deal with these different groups of populations from Algeria denotes the persistence of certain colonial concepts inherited from colonial Algeria : priority was given to the pieds-noirs, specificity was accorded of the Jews of Algeria, whereas the harkis were marginalized. This article is primarily an overview from a comparative perspective, of the conditions of departure from Algeria and arrival in France of these population groups.

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