5 mars 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Marie Perrier, « La culture zouloue en vitrine. Une collection d’Afrique australe au musée des Confluences », Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, ID : 10670/1.xpisx5
Les objets d’Afrique australe sont rares dans les collections publiques françaises. L’ensemble conservé au musée des Confluences est, à ce titre, particulièrement précieux, d’autant qu’il constitue l’une des plus anciennes collections françaises provenant de cette partie du monde. Son achat, en 1879, est lié à la récente popularité des Zoulous gagnée malgré eux lors de leur victoire contre l’armée britannique. Mis en scène lors de spectacles caricaturaux, les « guerriers zoulous » attirent le public et offrent aux scientifiques des objets d’étude dont l’authenticité n’est pas discutée, au début du moins. Ernest Chantre, sous-directeur du Muséum d’histoire naturelle de Lyon, profite ainsi du passage d’une troupe sud-africaine pour acquérir une centaine d’objets labellisés « zoulous ». Il réalise une étude anthropométrique des cinq hommes de la troupe et fait mouler l’un d’entre eux pour étoffer la galerie d’anthropologie nouvellement créée. L’analyse des modalités d’acquisition et de la mise en exposition des objets et du moulage apporte un éclairage sur l’histoire de la constitution des collections ethnographiques du Muséum d’histoire naturelle de Lyon à la fin du 19e siècle et nous renseigne sur les représentations françaises concernant les Sud-Africains qui prédominent à l’époque. L’étude de la collection contribue quant à elle à une mise en valeur des productions des peuples du sud-est de l’Afrique dont la renommée des Zoulous a occulté l’existence, et témoigne des liens complexes d’alliance et de domination qu’ils entretenaient. Enfin, les sources archivistiques et historiques utilisées permettent d’esquisser, du moins en partie, l’identité et le parcours de quelques troupes « zouloues » en Europe.