16 décembre 2023
Andrea Martinez-Chauvin, « « L’empreinte du surréalisme en Espagne dans l’oeuvre de Juan Larrea, Vicente Aleixandre, José María Hinojosa et Joan Miró (1918-1932) » », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.xprcrz
Peut-on « faire » du surréalisme sans être surréaliste ? L’objet de cette thèse est de situer, au-delà des débats dont rend compte l’histoire littéraire, le cours de l’écriture pour trois poètes et un peintre-poète contemporains – Larrea, Aleixandre, Hinojosa, Miró –, entre 1918 et 1932. Cette période permet d’envisager la singularité de leurs premières oeuvres dans le déroulement de leur création. Si la naissance en 1924 de l’aventure surréaliste, sous l’égide de Breton, ne suscite pas d’engagement de leur part, le désintérêt affiché n’est qu’apparent.Alors que la traduction du français vers l’espagnol bat son plein dans les revues ultraïstes, Larrea, Miró et Hinojosa se tournent vers la capitale française et font figure de passeurs dès 1925. Par leurs lectures, les quatre créateurs connaissent de première main les productions du surréalisme naissant, construisant leurs oeuvres dans un rapport de connivence, par des échos et des caractéristiques formelles partagées. À cela s’ajoute une réception tronquée du mouvement en Espagne : ses modalités permettent de déceler le dialogue qui se noue, entre les premiers textes surréalistes et l’approche qu’en ont ces créateurs, dans des oeuvres qui les singularisent dans le paysage littéraire espagnol. Ce rapport au surréalisme, délibéré mais tacitement entretenu, permet de discerner un questionnement sur la pratique de l’automatisme, versant dans le registre cosmique. Ainsi, les frontières s’estompent et laissent place à la conception architectonique d’une oeuvre poétique en perpétuelle formation, dans un recommencement nécessaire et constant qui se nourrit de la recherche d’un re-commencement, pour laisser de nouvelles empreintes sur la langue et sur la toile.