Un délire à deux : le psychiatre délirant d'amour dans Asile de Patrick McGrath

Résumé Fr

Un délire à deux : le psychiatre délirant d'amour dans Asile de Patrick McGrath Je poursuis ici l'étude d'un roman de Patrick McGrath, Asile, sur lequel j'ai déjà publié l'an dernier un article dans le cadre d'un ouvrage collectif portant sur les folies meurtrières, coordonné par Yohan Trichet et Benoît Tadié entre autres, aux PUR 1. Ce roman m'intéresse à plusieurs titres malgré son apparente simplicité : on ne trouvera pas dans ce texte de trouvailles stylistiques, d'invention formelle, de marques d'une écriture sinthomatique 2-ou plutôt on n'en trouvera pas de marques flagrantes, extraordinaires. On pourrait même, et c'est la raison pour laquelle je souhaite en parler ici, se laisser prendre à son jeu et méprendre tout l'appareillage du roman noir que l'auteur utilise pour l'objet même du texte, nous faisant alors complices d'un procédé de narration pervers 3 (au sens commun de celui qui manipule sciemment pour tromper) ou chercher à seulement remettre en cause la certitude qui structure le compte rendu du psychiatre-narrateur. Nous serions ainsi, dans notre désir d'interprétation, aveuglés par le « voile signifiant » dont parle Virginie Leblanc quand elle explique comment les effets de langage permettent aux parlêtres de tisser leur roman familial. Voici ce qu'elle écrit à ce sujet : « la nécessité de tisser un voile signifiant pour recouvrir le trou du symbolique, versant « solution » déjà envisagé par Freud dans le délire comme construction. » Elle ajoute en suivant Miller et Lacan que cette « mise en forme de l'informe » 4 masque la « débilité… la dimension purement fictive de ce récit », dont il faudrait pouvoir se détacher 5 .