6 mars 2024
Nicolas Golovtchenko, « Les effets déstabilisateurs d’une crise de croissance urbaine sur les représentations et les normes établies. Ce que la sociologie peut faire aux crises urbaines », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.xqbcbc
Que l’on retienne une définition de la crise conçue comme une rupture entre un avant et un après-crise, un accélérateur de changements (Cf. appel à communication) ou la période couvrant un changement qu’il prenne la forme d’un processus ordonné ou d’une temporalité chaotique entre une situation ante et une situation post, force est de constater que la ville constitue le territoire par excellence de survenues de crises, voire même qu’elle se trouve en situation de crise permanente. L’une des dimensions constitutives des crises urbaines découle souvent de crises de croissance démographiques : la population urbaine augmentant, le surplus doit trouver à se loger sur de nouveaux espaces. L’arrivée de populations sur des espaces relativement vierges de toute occupation humaine est susceptible d’engendrer tout un ensemble de problèmes liés par exemple aux enjeux de l’étalement urbains : consommation de terres agricoles, coût de l’étirement des réseaux en contexte de faible densité, ou encore choix quant à l’organisation des transports. Mais lorsqu’une nouvelle population vient à s’installer dans des espaces anciennement occupés, il existe de fortes probabilités pour que son arrivée engendre des problèmes supplémentaires et, surtout, en bousculant l’ordre des choses établies, d’une toute autre nature. Pour prendre en exemple un cas limite, on pourra ainsi redouter que l’arrivée massive et rapide d’une population aux caractéristiques sociologiques considérées comme différentes de la population autochtone ne vienne troubler voire même entraîne la disparition d’une ambiance dite de quartier ou de village. Cette conséquence pourra être jugée regrettable mais pas très grave. En revanche, qu’on l’accuse d’être responsable de la perte d’une identité locale ou d’un « équilibre local », qu’elle soit perçue comme déstabilisatrice des normes locales et là – de nos jours en particulier - le problème sera jugé très sérieux. Le projet de communication se propose de retracer l’histoire d’une enquête sociologique menée à Toulouse en 2020, au sein d’un quartier périphérique ancien dont l’installation sur une période très courte de populations nouvelles et nombreuses, a conduit un organisme versant des prestations sociales associé à la Métropole à solliciter une analyse sociologique. Après avoir spécifié les conditions dans lesquelles l’étude a été engagée, on s’intéressera dans un premier temps et à partir des résultats de l’enquête à caractériser la nature et la portée des changements résultants de ces nouvelles installations pour ensuite montrer les effets imputables à la situation d’enquête sur quatre types d’acteurs : des associations de quartiers, le personnel politique local, un organisme départemental versant des prestations sociales, un centre social.