21 décembre 2018
Restricted Access , http://purl.org/eprint/accessRights/RestrictedAccess
Kevin Lidour, « Stratégies et techniques de pêche dans le Golfe persique au Néolithique (VI-IVe millénaires av. n.è.) : étude des assemblages ichtyologiques des sites néolithiques d'Akab, de Dalma et de Marawah MR11 (Emirats Arabes Unis) », Theses.fr, ID : 10670/1.xqisl2
Cette thèse intègre l'analyse inédite de plus de 80 000 restes provenant des sites néolithiques d'Akab, de Dalma et de Marawah MR11 (Emirats Arabes Unis) – occupés entrela moitié du VIe et la fin du IVe millénaire av. n. è. Les résultats dévoilent des pêcheries déjà investies dans l'exploitation d'une grande variété de milieux marins. Les poissons capturés et consommés par ces pêcheurs incluent de nombreux sargues, pagres (Sparidae), empereurs (Lethrinidae) et petites aiguilles (Belonidae) qui témoignent avant tout de l'exploitation des eaux côtières peu profondes : le long des rivages ainsi que dans les zones d'herbiers et de récif frangeant. À Akab, la pêche dans la lagune et la mangrove est également reflétée par la présence de nombreux poissons‐chats marins (Ariidae) et mulets (Mugilidae) dans l'assemblage. Les techniques impliquées dans ce type de pêche sont peu sélectives et relativement simples : la prospection des petits fonds à l'aide de senne, la pose de filets calés, voire l'utilisation de barrages à poissons. À Dalma, des nasses étaient probablement déjà employées dans les zones de récifs moyennement profondes, pour la capture de mérous en particulier (Serranidae). Les mangroves et les zones de récifs sont des environnements très productifs auprès desquels les pêcheurs pouvaient vraisemblablement se fournir en poissons et en coquillages tout au long de l'année. En l'occurrence, ceux d'Akab connaissaient et exploitaient probablement déjà les grands rassemblements de becs‐decane (Lethrinus nebulosus) près de la lagune d'Umm al‐Quwain, au printemps et à l'occasion de leur frai. L'étude du matériel d'Akab et de Dalma révèle toutefois aussi l'existence d'expéditions de pêche en mer ouverte, impliquant l'usage de bateaux. Ces expéditions sont notamment conduites à la recherche des bancs de thonines (Scombridae) voire de carangues (Carangidae). Leur pêche n'impliquait pas seulement l'emploi de lignes munies d'hameçons en nacre mais aussi celui de filets tels que des sennes tournantes. Ces filets ont également permis aux pêcheurs de Dalma de capturer de grands requins et quelques dauphins plus occasionnellement. Bien que la pêche des bancs de pélagiques soit aujourd'hui considérée comme une activité hivernale dans les pêcheries du Golfe persique, l'existence d'un climat plus humide au Néolithique, alors soumis au régime de la mousson de l'Océan Indien, invite à nuancer nos modèles de saisonnalité.Au Néolithique, la pêche était ainsi pratiquée à la fois de manière généraliste et de manière spécialisée en faisant contribuer un large panel de techniques et de savoirs écologiques aux besoins d'une économie de subsistance reposant principalement sur l'exploitation des ressources marines.