Les visiteurs de l'exposition le Roi Arthur : la construction de l'expérience légendaire

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2009

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exposition visite public


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Sophie Le Coq, « Les visiteurs de l'exposition le Roi Arthur : la construction de l'expérience légendaire », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.xrctyu


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Cette enquête sur les publics de l’exposition « le Roi Arthur, une légende en devenir », présentée aux Champs Libres à Rennes, répond à une demande des concepteurs de cette exposition : cerner l’efficience des actions de médiation (entendues au sens large) à partir d’une série d’entretiens auprès des visiteurs de cette exposition. Progressivement, au fil de l’étude, un autre profil de public s’est imposé aux commanditaires permettant de mieux identifier et de renommer ces profils : publics seuls, publics des visites guidées, publics des quartiers. Au préalable de la réalisation de la campagne d’entretiens auprès de ces visiteurs, nous avons pris connaissance des orientations de la conception de l’exposition et des outils de médiation proposés pour cette exposition à partir de documents et de rencontres auprès des différents professionnels concernés. Ces informations nous ont permis de retirer deux principaux enseignements nécessaires à prendre en compte dans la construction des entretiens à réaliser auprès des visiteurs.-L’exposition, telle qu’elle se donne à voir au public, illustre dans ses agencements, ses différents choix, des compromis entre différentes logiques d’actions présentes dans la confection de l’exposition.-Outre la diversité des dispositifs de médiation conçus et mis en œuvre par les responsables de l’exposition, on peut lire les différentes difficultés de ces derniers comme les effets d’un manque de temps consacré à une réflexion plus aboutie sur ces dispositifs et à leur mise en œuvre effective sur chaque territoire.L’option d’appréhender les visiteurs de cette exposition à partir de la notion d’expérience redessine le lieu de la différence entre eux : il ne s’agit plus de leur attribuer une sorte de « nature » implicite les faisant exister en tant que tel (par exemple, les visiteurs des quartiers), mais de les différencier selon les conditions de leur rapport à l’exposition, soit selon qu’ils la visitent avec ou sans guide. C’est donc la médiation humaine qui distingue principalement les expériences de visite. S’en remettre renvoie à déléguer le tracé de sa visite à un tiers, lequel construit des parcours à partir d’une sélection d’objets commentés.À partir de cette donnée, nous avons cherché à dresser des profils de visiteurs. Parmi ceux qui délèguent leur parcours à un tiers, certains le font par habitude, par opportunisme, par hasard ou encore par obligation à l’égard d’une entité collective. Leur rapport au parcours proposé par le guide varie selon leurs attentes et aussi selon leurs façons de composer avec une donnée récurrente : le nombre d’individus présents à la visite. Ils élaborent alors ce que nous avons nommé des tactiques de visite. Ainsi, nous avons distingué des « guetteurs d’histoires », des « abeilles », des « suiveurs ». Les premiers se caractérisent par leur attente d’histoire qu’ils trouvent dans les commentaires du guide. Leur attention à l’égard de ce qu’ils vivent comme des narrations orales est telle qu’elle s’exerce au détriment d’une attention aux objets. Ils concernent surtout les habitués des visites guidées.Les « abeilles » butinent et illustrent l’attitude des « opportunistes » de la visite guidée. Ils disposent plus des commentaires du guide qu’ils ne s’en remettent. Ils évoluent dans l’enceinte de l’exposition au gré de ce qui retient leur attention, ne se confondent pas avec les autres participants de la visite guidée. Ils sont ainsi plus attentifs aux différents objets exposés, aux différents supports, outils de médiation. Les « suiveurs » qualifient surtout le parcours de ceux qui mènent une visite guidée par hasard ou par obligation. Ils suivent le guide et paraissent « subordonnés » aux mouvements du groupe, mais mettent à profit certains moments de la visite pour profiter des objets exposés.Dans le meilleur des cas, la visite guidée modifie les connaissances initiales des visiteurs, particulièrement sur l’origine géographique, culturelle et temporelle de l’histoire du Roi Arthur souvent située en Bretagne, rapportée à une culture celtique et à la période moyenâgeuse.Si pour bon nombre des visiteurs des visites guidées (notamment les « abeilles » et les « suiveurs ») cette modalité de visite précise et approfondit des aspects de l’histoire, elle ne leur permet pas forcément d’organiser ces divers éléments à partir d’un fil conducteur, expliquant l’emploi du qualificatif « touffu » et « complexe » des informations entendues.Les propos des visiteurs seuls se donnent à lire comme des amplificateurs d’éléments aussi mentionnés par plusieurs visiteurs de visites guidées. Ils concernent des remarques communes sur les cartels, la luminosité, la température, les outils multimédias. Ces derniers son généralement utilisés par ces visiteurs, mais brièvement, parce qu’ils privilégient la poursuite de leur visite. Des différences se relèvent dans leurs parcours. Nous les avons organisées autour de deux profils : les visiteurs soucieux des ambiances à la recherche de « prises » visuelles, mais aussi sonores, voire tactiles ; les visiteurs soucieux de ne rien perdre des différentes informations produites par l’exposition. Dans tous les cas, quelle que soit la modalité de la visite, l’exposition génère des réactions récurrentes chez les visiteurs. Elle réveille des « attachements », en l’occurrence des souvenirs de situations vécues qui ont traits au registre affectif (souvenirs d’enfance, de moments passés en famille, entre amis) et à un connu qui participe de leur identité. Elle engendre une impression de saturation, d’objets notamment, susceptible d’enrayer une capacité de concentration, de mémoration jusqu’à créer un sentiment de découragement. Pourtant, la diversité des objets exposés quel que soit leur statut est bien accueillie parce que conçue comme une façon de s’adresser à tous ou parce qu’elle détonne avec une ambiance muséale. Elle suscite des surprises et particulièrement les espaces et les objets qui ont fait l’objet de compromis lors de la confection de l’exposition. Enfin, elle occasionne une définition de soi comme public, et comme public « moyen », se comprenant comme une façon de justifier un constat : l’impossibilité de tout retenir, de tout comprendre de ce qui est montré

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