Accointance par procuration

Résumé Fr En

L’accointance d’un attribut est-elle de même nature que celle d’un individu ? Bien entendu, l’assimilation des attributs à des universaux, et par suite à des objets, conduit immédiatement à une réponse positive. Mais que dire des attributs en position de prédicat ? Le présent article vise à soutenir l’univocité de l’accointance en montrant que les prédicats sont bien, malgré d’importantes différences, les objets possibles d’une accointance comparable à l’accointance d’individus. Pour cela, on envisagera les choses négativement, en examinant la façon dont, dans l’un et l’autre cas, une absence d’accointance se trouve suppléée. Dans le cadre d’une interprétation épistémique de la théorie des types des Principia Mathematica justifiée par des raisons indépendantes, cette perspective amènera à comprendre l’axiome de réductibilité comme un principe d’accointance par procuration pour les prédicats, principe dont l’analyse russellienne des descriptions définies d’individu partage le schéma.

Is the acquaintance of an attribute of the same nature as that of a particular? Of course, the reduction of attributes to universals, and thus to objects, leads one to an immediate positive answer. But what about attributes in predicate positions? This article aims to argue in favor of the univocity of acquaintance, by showing that acquaintance of predicates is, despite important differences, similar to acquaintance of particulars. To that end, the issue will be tackled from a negative angle, namely through the consideration of how, in each case, a lacking acquaintance gets to be replaced. Within an epistemic interpretation of Principia Mathematica’s theory of types which is advocated for independent reasons, this perspective results in understanding the axiom of reducibility as a principle of surrogate acquaintance for predicates, a principle whose epistemic and logical scheme is shared by Russell’s analysis of definite descriptions of individuals.