L'identité religieuse des Pays-Bas à travers l'iconographie de Marie-Madeleine, une sainte à la fois catholique et protestante ? The religious identity of the Netherlands through the iconography of Mary Magdalene, a Catholic and Protestant saint ? Fr En

Résumé Fr En

Marie-Madeleine est l’une des saintes les plus représentées dans les Pays-Bas du Nord au XVIe et au XVIIe siècle. Son iconographie proliférante n’a pourtant pas attiré l’attention des chercheurs. A travers des études de cas et en insérant les œuvres dans leur contexte historique précis, notre thèse s’intéresse à la présence de cette sainte catholique en terre protestante. En fonction de la situation politique, géographique et théologique dans laquelle ils se trouvent, les artistes réinventent et adaptent l’iconographie de Marie-Madeleine. Dans un premier temps la sainte, qui incarne les valeurs de la Contre-Réforme, persiste dans les milieux catholiques des Provinces-Unies. Dans un pays où la pratique publique de la confession catholique est interdite, l’étude des tableaux d’églises, des églises dédiées à la sainte, ainsi que des rites, comme les pèlerinages, qui lui sont consacrés attestent de l’importance d’une sainte pour cette confession. Peu à peu, les artistes s’adaptent aux deux confessions majeures des Pays-Bas du nord et Marie-Madeleine, qui devient un modèle de repentance et incarne le rejet de la vanité, correspond aussi bien aux catholiques qu’aux réformés. Les artistes maniéristes d’Harlem, puis les caravagesques d’Utrecht, actualisent le message délivré par la sainte en insistant sur l’exemple qu’elle peut délivrer au spectateur qui la regarde. Enfin, et dès les années 1630-1640, Marie-Madeleine sert de figure exemplaire aux tenants de la Nadere Reformatie, ce courant piétiste réformé. Cet assouplissement de la confession calviniste se rapproche des préceptes de la Devotio Moderna. Dès lors, l’image magdalénienne se situe au cœur des échanges entre catholiques et protestants, entre le sacré et le profane et envahit toutes les strates de la société.

Mary Magdalene was one of the most frequently represented saints in the Northern Netherlands in the sixteenth and seventeenth centuries. Her prolific iconography, however, has not attracted the attention of scholars. By means of case studies and by placing the images in their precise historical context, our thesis examines the presence of this Catholic saint in a Protestant country. Depending on the political, geographical and theological situation in which they found themselves, artists reinvented and adapted the iconography of Mary Magdalene. At first, the saint, who embodied the values of the Counter-Reformation, persisted in Catholic circles in the United Provinces. In a country where the public practice of the Catholic faith was forbidden, the study of church paintings, churches dedicated to the saint, and rites, such as pilgrimages, dedicated to her attest to the importance of a saint for this faith. Gradually, artists adapted to the two major confessions in the Northern Netherlands, and Mary Magdalene, who became a model of repentance and the rejection of vanity, appealed to both Catholics and Reformed. The Mannerist artists of Harlem, and later the Caravaggio artists of Utrecht, updated the message delivered by the saint by insisting on the example she could set for the viewer. Finally, from the 1630s and 1640s, Mary Magdalene served as an exemplary figure for the proponents of the Nadere Reformatie, the reformed pietist movement. This softening of the Calvinist confession is close to the precepts of the Devotio Moderna. From then on, the Magdalenian image was at the heart of the exchanges between Catholics and Protestants, between the sacred and the profane, and invaded all strata of society.