2022
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Thomas Pierret, « L’émergence du salafisme politique », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.xxxf72
Les évolutions des quarante dernières années auront montré que la trajectoire de politisation des salafistes quiétistes répond à des considérations éminemment contextuelles et ne saurait donc être appréhendée par le seul prisme des doctrines religieuses. Les différentes expériences évoquées dans ce chapitre présentent néanmoins des points communs qui permettent d’identifier un rapport spécifique, réactif et exclusif, des salafistes quiétistes à l’engagement politique. En effet, ce dernier survient généralement en réponse à la montée en puissance de courants islamistes rivaux plutôt qu’en raison d’un intérêt pour le pouvoir en tant que tel. L’exclusivisme des salafistes se déploie donc surtout contre les autres courants islamistes et cela parce qu’ils identifient le champ religieux, plutôt que politique, comme domaine principal de la lutte. Adopter, à l’inverse, un rapport proactif et inclusif à l’engagement politique, c’est-à-dire prioriser la conquête du pouvoir par le biais d’une alliance avec d’autres forces, notamment islamistes, implique pour les groupes concernés un changement radical de logiciel qui, lorsqu’il survient, rend ténue, et donc poreuse, la frontière idéologique séparant les salafistes politisés des Frères Musulmans.